Nous abordons ici le remplacement des joints d’une fourche classique (Une fourche à cartouche comme celles des Moto Guzzi est plus complexe). Une opération importante car elle détermine en grande partie la tenue de route de votre moto.
Les joints à lèvres assurent l’étanchéité de la fourche là où coulisse le tube dans son fourreau.
Un anneau gras indique une fuite de l’huile utile à l’amortissement, qui peut atteindre les freins. Il est temps de réagir
Avant de vous lancer dans un remplacement de joints de fourche, il est important de prendre le temps de potasser le manuel d’atelier pour juger de vos propres capacités.
Veillez également à disposer de suffisamment d’espace pour travailler, prévoyez un bac de récupération pour l’huile et des chiffons en nombre pour éponger les éclaboussures.
Tant que la moto est stable, débloquer les vis et écrous d’axe de roue avant et déposer les étriers de frein.
Débloquer ensuite les vis latérales du té supérieur, puis les bouchons en haut des tubes, protégés d’un morceau de tissu pour éviter de vilaines marques.
Ne pas les retirer car la moto s’affaisserait !
Soulager ensuite l’avant de la moto, sur la béquille centrale et une cale sous le moteur, ou avec un cric du côté opposé à la latérale (posée sur une planche pour que la moto soit verticale).
Débloquer alors les vis du té inférieur, retirer roue et garde-boue puis extraire les tubes par le bas.
Spi : ÉTAPE 1
Avant même d’essayer de la dévisser, frapper sèchement la vis inférieure qui assemble le bras de fourche. Ceci aide à l’extraire sans que l’élément d’amortissement L dans laquelle elle est prise ne tourne en même temps.
Spi : ÉTAPE 2
Une fois écartés le pare-pierres B puis l’anneau racleur (cache-poussière) en caoutchouc I, extraire le circlip en acier H qui maintient le joint (spi) à lèvre G logé dans le fourreau de fourche. Veiller à ne pas rayer la surface du tube chromé.
Spi : ÉTAPE 3
Une chauffe modérée du haut du fourreau à environ 60° libère le serrage de la bague et du joint. Quelques rapides à-coups bien en ligne sur le tube permettent alors d’extraire le tout sans faire de dégâts.
Spi : ÉTAPE 4
Prendre extrêmement soin du joint neuf. Le mettre en place très doucement et surtout parfaitement droit. L’ancien joint le protège pendant la manœuvre, mais attention à ne pas l’enfiler lui aussi dans le fourreau!
Spi : ÉTAPE 5
Les pros utilisent pour la mise en place du joint un outil relativement cher, qui agit par inertie en quelques coups. Comme illustré, il est surtout utile pour les fourches inversées, au démontage de toute façon délicat pour le débutant.
Bras de fourche en main, dévisser le bouchon déjà débloqué, retirer le ressort et ses entretoises en notant leur sens et position, puis verser l’huile dans un bac, à destination de la déchetterie.
Le désassemblage nécessite le retrait de la vis J, un point délicat (Étape 1). Les mécanos possèdent à cet effet un long outil qui vient immobiliser l’élément d’amortissement L. À défaut, remettre le ressort et son bouchon, comprimer le bras avec une sangle (afin d’immobiliser ledit élément), et donner des coups secs sur une clé coudée ou en té, qui peuvent entraîner la vis. Sinon, voir un garagiste pour un coup de clé à chocs.
Retirer ensuite le pare-pierre B, le cache-poussière I puis le circlip H (Étape 2). Le tube n’est alors plus retenu que par le joint à lèvre et la bague supérieure, montés serrés dans le fourreau. Une chauffe de ce dernier libérera les pièces par dilatation (Étape 3).
Le cache-poussière I est à remplacer, car, forcément usé, il va laisser les poussières entamer rapidement le joint neuf. Idem pour les bagues fatiguées, sources de fuites car le tube n’est plus centré et le joint « baille ».
Huiler les pièces et placer le cône K au fond du fourreau, puis y insérer le tube de fourche muni de sa bague C. Loger alors la bague E dans le fourreau préchauffé localement en intercalant la rondelle F et en poussant le tout avec un tube PVC éventuellement refendu en deux. Puis faire descendre l’élément amortisseur, et le fixer avec la vis qui avait été si dure à extraire. Avec ce même tube, placer avec soin le joint à lèvre, enduit de graisse silicone et protégé par le vieux joint (Étape 4). Replacer enfin le circlip, le cache-poussière neuf et le pare-pierres.
La mesure du volume d’huile à verser n’est qu’indicative. La mesure réelle (en mm) s’effectue au réglet depuis le haut du tube, sans ressort et tube enfoncé.
Pomper de nombreuses fois pour que le niveau se stabilise et l’ajuster avec une seringue et un tuyau. Replacer ressort et entretoises et ne serrer le bouchon qu’à peine. Le bridage du té supérieur finira de le bloquer.
Pour faire durer les joints, c’est l’occasion de monter des déflecteurs adaptables qui protègent des gravillons. Nettoyer régulièrement les tubes au chiffon humide : même un insecte séché est déjà nuisible aux tendres joints. Supprimer sur les tubes les gros impacts, avec un papier abrasif hyperfin, grain 1000 ou plus. Soulever régulièrement les racleurs, en nettoyer l’intérieur ainsi que le dessus des joints avec un papier absorbant et regarnir de graisse siliconée.